J'adore Annie Ernaux. Plus je la lis, plus je l'aime. Elle parle pour moi, de moi, ces choses enfouies, si intimes que je peine moi-même à me les dire, à les penser ouvertement. Dans La femme gelée, Annie Ernaux poursuit son travail d'autofiction en analysant sa propre vie selon l'angle des genres: de l'enfance à l'âge adulte, de sa métamorphose, lente et douloureuse, de gamine pleine de rêves en femme gelée, Annie Ernaux raconte ce qu'est être une fille, être une adolescente, être une femme, être une mère dans une société patriarcale. Elle raconte la découverte des différences sociales entre les femmes et les hommes, la violence de cette inégalité et la manière dont elle, donc nous toutes, l'a vécue de l'intérieur. Une rage tue muée en glace. Magistral, j'en ai des frissons rien qu'en y repensant! La femme gelée est paru en 1981 mais son propos demeure très actuel. Ici, Annie Ernaux s'attaque à l'amère question des genres et des stéréotypes de genre, principalement les stéréotypes de la féminité.

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Un peu. Mais c'est déjà pas mal. Anne La femme gelée, Annie Ernaux, Folio, 6. 30€

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Son rôle de femme parfaitement intériorisé: nouvelle grossesse, volontaire. « Jouir le plus longtemps possible des derniers moments avec un seul enfant. Toute mon histoire de femme est celle d'un escalier qu'on descend en renâclant. » Elle n'a pas encore 30 ans mais plus rien ne l'atteint, c'est une femme gelée. C'est une (triste) merveille que signe Annie Ernaux. Son style sec, saccadé convient parfaitement au thème abordé. Ce livre fait mal, ce livre révolte, ce livre résonne. On pourrait presque croire au mauvais sort. Alors que la narratrice grandit dans une famille qui semble avoir dépassé les stéréotypes de genre, alors qu'elle évolue ensuite dans un milieu intellectuel qui lui permet de se poser des questions de fond sur sa condition en tant que femme, elle est rattrapée par un « destin maudit »: celui d'être une femme dans les années 60. Ce roman illustre parfaitement l'ironie de l'Histoire, c'est au moment où elle pense s'émanciper que la jeune femme rencontre la servitude. À moins que l'Histoire ait besoin de plus de temps: depuis les années 60, les choses ont-elles tant évolué?

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Ainsi, nous nous demanderons en quoi la narratrice met en lumière l'inégalité homme femme. Pour répondre à cette problématique, nous étudierons, dans une première partie, le déséquilibre au sein du couple de la ligne 1 à 15, dans une deuxième partie la comparaison avec les parents de la narratrice de la ligne 16 à 21 et pour finir la révolution qui s'annonce de la ligne 16 à 29. I/ Le déséquilibre au sein du couple (l 1 à 15) Nous pouvons constater que les trois premières phrases peignent un jeune couple d'intellectuels qui semble heureux. En effet, le complément circonstanciel de temps: « Un mois, trois mois que nous sommes mariés » (l 1) met en évidence un mariage récent. De plus, les pronoms: « nous » (l 1) et « on » (l 2) ainsi que l' adverbe: « ensemble »: « on travaille ensemble dans la grande salle. » suggèrent une forme de complicité, liant les deux personnages. Cependant, l'ironie de la narratrice se fait entendre très rapidement et l' adjectif « attendrissante » (l 3): « image attendrissante du jeune couple moderno-intellectuel.

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Cependant, elle laisse place à un bruit bien moins agréable, mis en évidence par une allitération en s: « Sonnerie stridente du compte-minutes » (l 7) Alors que cet ustensile de cuisine devait signer une révolution féminine, il rappelle à la narratrice l'inégalité homme femme. La phrase averbale / nominale: « Finie la ressemblance » (l 8) entraîne une différenciation entre les deux personnages dans la mesure où c'est l'écrivaine qui se lève pour préparer le repas. Néanmoins, nous pouvons noter un effet de retardement puisqu'elle ne dit pas explicitement qui, dans le couple, fait l'action et demeure vague grâce au sujet: « l'un des deux ». L'énumération: « se lève, arrête la flamme sous la cocotte, attend que la toupie folle ralentisse, ouvre la cocotte, passe le potage et revient à ses bouquins en se demandant où il en était resté. » (l 8-9-10) mime la dimension chronophage de ces actions répétitives et le fait que c'est la narratrice qui sacrifie son travail comme le montre le pronom: « Moi » (l 10) L'utilisation du substantif: « la dînette » (l 10) sous-entend que faire la cuisine est un jeu d'enfants.

Elle voyait dans le modèle de ses parents un couple bien plus moderne avec un père qui épluchait les pommes de terre et faisait à manger. Aussi, quelle ne fut pas sa désillusion quand elle s'est retrouvée confrontée à un mari progressiste dans ses propos, mais bien moins dans ses actes: « Un mois, trois mois que nous sommes mariés, nous retournons à la fac, je donne des cours de latin. Le soir descend plus tôt, on travaille ensemble dans la grande salle. Comme nous sommes sérieux et fragiles, l'image attendrissante du jeune couple moderno-intellectuel. Qui pourrait encore m'attendrir si je me laissais faire, si je ne voulais pas chercher comment on s'enlise, doucettement. En y consentant lâchement. D'accord je travaille La Bruyère ou Verlaine dans la même pièce que lui, à deux mètres l'un de l'autre. La cocotte-minute, cadeau de mariage si utile vous verrez, chantonne sur le gaz. Unis, pareils. Sonnerie stridente du compte-minutes, autre cadeau. Finie la ressemblance. L'un des deux se lève, arrête la flamme sous la cocotte, attend que la toupie folle ralentisse, ouvre la cocotte, passe le potage et revient à ses bouquins en se demandant où il en était resté.

À toi d'apprendre ma vieille. » (l 20-21) L'argument du père de ne pas s'occuper des tâches ménagères repose sur une différence culturelle: il est trop érudit, trop cultivé pour s'abaisser à faire le ménage. III/ La révolution qui s'annonce (l 22 à 29) Nous pouvons constater que le texte exprime une révolte sourde contre cette situation injuste. En effet, la colère de la narratrice est audible dans la négation totale: « Je n'ai pas regimbé, hurlé ou annoncé froidement aujourd'hui c'est ton tour, je travaille La Bruyère » (l 22-23) Sa frustration est contenue mais elle semble prête à s'exprimer. La phrase averbale qui suit: « Seulement des allusions, des remarques acides, l'écume d'un ressentiment mal éclairci. » (l 22), grâce au rythme ternaire, rend compte de l'amertume qui s'empare d'elle. La narratrice raconte comment elle se remet en question en cause et se questionne sur le bien-fondé de sa révolte: « est-ce que c'est vraiment important, tout faire capoter, le rire, l'entente, pour des histoires de patates à éplucher, ces bagatelles relèvent-elles du problème de la liberté, je me suis mise à en douter.