Par groupe de deux ils sont allés chacun vers un grand chêne et, toute la journée, ils ont scié. Le bruit d'un arbre qui tombe, c'est terrible. J'aime pas, pas du tout. J'ai pleuré en silence en les voyant faire. Je me suis dit: non de non, j'aurais jamais dû quitter la maison. Je me sentais seul, si seul, et puis j'osais même pas bouger. Heureusement, ils ont pas coupé le noyer. Quand ils sont partis, il faisait presque nuit. Je suis rentré aussi vite que j'ai pu avec mes jambes tout engourdies. J'ai pleuré. Et quand je suis arrivé à la maison, je pleurais encore. Maman, elle était bien surprise de me voir revenir si tôt, alors je lui ai tout raconté. Elle avait pas l'air de trop savoir comment faire pour me consoler. Elle m'a juste caressé les cheveux et, après un long silence, elle m'a dit: « Tu sais, dans ta tête il y a le bruit de l'arbre qui tombe… mais dans ton cœur, chut! Écoute... il y a celui de la forêt qui pousse. »

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Il y a aussi des hommes, mais je n'aime pas en croiser. Quand je les vois, je me cache. Moi, ce que j'aime dans mon jardin, ce sont les bruits. Je m'assois contre le tronc d'un vieux frêne, je ferme les yeux et j'écoute. Les oiseaux. La caresse du vent contre les feuilles. De l'eau qui coule, au loin — il y a toujours de l'eau qui coule, au loin. Ce jour-là, je me suis dirigé vers le grand noyer, celui qui poussait au milieu des chênes centenaires. C'est là que j'installerai mon camp, que je m'étais dit. C'était pas bête, j'avais bien réfléchi, il avait des grosses branches qui partaient à l'horizontal, c'était parfait pour dormir, et puis, aussi, c'était la saison des noix... c'est bon les noix! Quand je suis arrivé, il était déjà tard. J'ai grimpé, je me suis installé et j'ai fermé les yeux. À mon réveil, c'était le petit matin. Au pied de l'arbre, y avait des hommes. Ils discutaient fort et ils riaient. J'ai fait comme si j'existais pas. Ils étaient nombreux. Très nombreux. Y en a un qu'a donné un ordre et ils ont sorti des grosses scies.

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Quand on y est, on savoure. Mais ça passe tellement vite qu'on s'en rend compte après, qu'on se dit « ah ouais, c'était bien ». Nolan Roux aura inscrit 15 buts en Ligue 2 pour sa première saison avec Brest, entre 2009 et 2010. (Photo Eugène Le Droff) À quel moment vous rendez-vous compte que votre place dans le cœur des supporters brestois était à part? C'est la suite. C'est Alex Dupont qui me dit lors de mon premier match contre Laval, « rentre gamin, éclate-toi et tu vas marquer ». Et je marque deux minutes après. C'était comme si ça devait se passer comme ça, il y avait tellement d'ondes positives autour de cet effectif et de ce stade. C'est une étape de ma vie qui m'a marqué, c'est là où tout a commencé pour moi. Et en partant, oui, je me suis rendu compte qu'on avait réalisé quelque chose de fort, j'en suis fier d'en avoir fait partie. Qu'est-ce que représente Brest pour vous, dix ans après votre départ? C'est le club qui m'a lancé. J'avais l'impression que ce terrain, ce stade, c'était chez moi, l'endroit où je me sentais le mieux.

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J'ai fait quelques stocks: 100 kilos de pommes de terre, 25 litres d'huile, 200 litres d'eau, 150 kilos de farine, 100 kilos de sucre. Moi, j'étais prêt! ", assure-t-il. Dans cette ville de garnison, plantée sur un axe stratégique, les alertes sont incessantes. Les missiles et les bombes tombent sur une école, des magasins, des maisons. Le jardin de Jacky devient alors plus rassurant que la cave de la maison: " Quand sont arrivés les bombardements, j'ai dit non, je ne vais pas me mettre dans cette cave! Si je me mets dans cette cave, et qu'il y a vraiment quelque chose, je me prends la maison sur la tête... Et puis six mois après, si je suis dans la cave, on ne serait toujours pas venu me chercher. Donc la nuit, on restait avec des manteaux. Il y a un mois, il faisait très froid, alors on dormait dans le jardin, dans la serre. Je n'ai pas eu peur une seconde, parce qu'on n'a pas le temps d'avoir peur. C'est une pression que je n'imaginais pas être en état de guerre. " D'après lui, les bombardements ont surtout lieu la nuit.

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Oui, sûrement. Encore maintenant, je croise des gens qui me disent « ah le Brestois! » L'image est restée chez beaucoup de personnes, chez beaucoup de supporters lambda. Être allé à Guingamp a pu être perçu comme une trahison, mais c'était le choix du moment. Je savais que ça n'allait pas plaire, même à des amis que je côtoie encore qui m'avaient dit « non, là tu déconnes, tu n'as pas le droit ». Ces commentaires vous avaient blessé? Je n'avais pas les réseaux sociaux, donc je ne m'attardais pas là-dessus mais j'entendais. On me disait « regarde ce qu'on dit sur toi, c'est chaud ». Je leur répondais, « c'est comme ça ». Je n'étais pas là à me dire « ils abusent » car je savais à quoi m'attendre. Ça m'a quand même un peu blessé car je me suis dit, « mince, je pensais avoir laissé un bon souvenir et ça tombe à l'eau ». Mais je n'ai aucune rancœur, sinon je ne prendrai pas le risque de revenir samedi car peut-être que certains supporters ne seront pas contents de me voir. C'est le foot. Referiez-vous ce choix après ce qu'il s'est passé derrière?

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