Publié le 02/10/2012 - 14:52 Les clients défilent dans ces hôtels de passe pour à peine plus de 1 euro. Reportage dans le sous-prolétariat de la prostitution, au fin fond d'une province chinoise. La pièce, en sous-sol, est très sombre, sans fenêtre. On dirait une grotte humide. A 48 ans, celle que pour des raisons de sécurité nous appellerons Mme Wu y passe toutes ses journées à attendre le client. Ce petit hôtel héberge trente à quarante "filles", la plus âgée ayant 62 ans. La plupart de ces travailleuses du sexe sont des mères de famille quadragénaires d'origine rurale. Calendrier chinois : pour prédire le sexe de bébé. Les gens du coin appellent ce genre d'établissement des "boutiques à 10 yuans [1, 20 euro]". Les clients sont souvent des petits vieux de la région ou des paysans migrants. Le prix de la passe varie entre 10 et 30 yuans. Pour cette somme dérisoire, ces travailleuses du sexe sans le sou bravent le risque de se voir infliger des amendes, d'attraper des maladies et d'être en butte au mépris. Le chef-lieu de district où travaille Mme Wu compte plus de 1 million d'habitants.

Sex Fille Chinoises

On ne savait pas comment les contacter, elles parlaient très mal le français, et c'était visiblement des «nouvelles» dans le métier, des femmes qui se lançaient dans l'activité en indépendantes. Médecins du monde a dû beaucoup travailler auprès d'elles pour les sensibiliser sur les questions des MST et du HIV. Elles n'appartiennent donc pas aux flux historiques de migration de Chinois en France, qui viennent souvent de Wenzhou, dans le sud, ou de la péninsule indochinoise. Elles sont en situation minoritaires à Paris, et ça se passe mal avec les réseaux «communautaires» chinois. Elles sont insérées au plus bas de la hiérarchie sociale et se sentent dominées et exploitées. Elles n'ont pas de contacts qui pourraient les aider, ou très peu, au moins pour les premières qui sont arrivées. CHINE. Travailleuses du sexe version abattage. Du coup, elles comprennent très vite qu'elles doivent travailler sur le marché de l'emploi informel et pour des patrons de leur pays. Or, les seuls boulots qu'on leur offre sont nourrices et domestiques. Elles vivent et travaillent à demeure chez leurs employeurs chinois.

On y trouve 3 ou 4 "établissements de bains", 40 à 50 "salons de massage" et une quinzaine de "petits hôtels" où se pratique la prostitution. Dans ces petits hôtels, il suffit de payer 15 yuans [1, 80 euro] pour avoir une chambre. Pour peu qu'elle soit avantagée par la nature et qu'elle ait de la chance, une fille peut gagner sans problème 2 000 yuans [environ 250 euros] par mois en faisant de l'abattage, à raison d'une dizaine de clients par jour. Aucun examen gynécologique Toutes les filles sont d'accord sur un point: ceux qui viennent les trouver sont des hommes qui réfrènent depuis longtemps leur désir; des personnes en déplacement ou des veufs ou célibataires qui arrivent chez elles après avoir longtemps refoulé leurs envies. Pour s'assurer une clientèle, la plupart des filles n'utilisent pas de préservatif, d'autant que ces "trucs" peuvent servir de preuve contre elles! [En Chine, la prostitution est illégale. Japon : les femmes à la merci des frotteurs dans le métro. ] Mme Wu ne s'est jamais soumise à aucun examen gynécologique. Le prix d'une telle consultation, 30 yuans [3, 60 euros], c'est ce qu'elle parvient à gagner, en courant le risque d'être arrêtée, en réalisant 3 passes.